Non vous ne rêvez pas, c'est bien moi qui vous parle encore d'un livre de Houellebecq. Si mon avis sur les particules élémentaires était plutôt tranché, j'avoue que je n'ai pas résisté quand je suis tombée un peu par hasard sur Extension du domaine de la lutte qui, m'a-t-on dit, est son meilleur livre.
Ici, encore, nous voici en présence d'un looser, trentenaire, célibataire et informaticien de son état, ni moche ni beau, dénué de charme en tout cas, désenchanté sur le monde et la société contemporaine. Depuis la machine à café jusqu'en Province, ce type au cynisme hallucinant se plaît à observer ses congénères et leur lutte désespérée pour l'amour, l'argent et le plaisir.
Et bien figurez-vous que je me suis laissée surprendre à aimer ce livre. J'y ai en fait trouvé tout ce que j'attendais des Particules élémentaires mais qui pourtant lui faisait cruellement défaut.
Extension du domaine de la lutte c'est une critique acerbe de notre société à travers la personne du français moyen et vue sous l'angle du libéralisme. Libéralisme non pas économique mais plutôt sentimental, voire sexuel, qui serait donc une extension du domaine de la lutte qui caractérise l'économie actuelle.
A côté de cette lutte des classes, il y aurait donc une lutte amoureuse, où tout le monde se battrait pour un peu d'amour et de plaisirs. A l'instar des personnages du roman, qui d'ailleurs valent le détour, qui se perdent dans leur solitude et leur désespoir...
J'ai aussi découvert dans ce livre un Houellebecq au potentiel comique certain et qui n'a pas son pareil pour décrire la laideur et la bêtise, à l'image de cette homonyme de Brigitte Bardot qui de Bardot n'a que le nom...
Certes on n'échappe pas aux séances de plaisirs solitaires, d'ailleurs comment faire dans un livre où tout n'est que solitude, mais cette fois-ci en plus petite dose. Le livre est d'ailleurs beaucoup plus court que Les particules élémentaires, ce qui le rend forcément plus digeste.
En bref, j'ai passé à ma grande surprise, un très bon moment de lecture et regrette vivement que notre choix se soit porté sur Les particules élémentaires lors du club de lecture...
Morceau choisi :
« Dans un système économique où le licenciement est prohibé, chacun réussit plus ou moins à trouver sa place. Dans un système sexuel où l’adultère est prohibé, chacun réussit plus ou moins à trouver son compagnon de lit. En système économique parfaitement libéral, certains accumulent des fortunes considérables ; d'autres croupissent dans le chômage et la misère. En système sexuel parfaitement libéral, certains ont une vie érotique variée et excitante ; d'autres sont réduits à la masturbation et la solitude. Le libéralisme économique, c'est l'extension du domaine de la lutte, son extension à tous les âges de la vie et à toutes les classes de la société. De même, le libéralisme sexuel, c'est l'extension du domaine de la lutte, son extension à tous les âges de la vie et à toutes les classes de la société. Sur le plan économique, Raphaël Tisserand appartient au camp des vainqueurs ; sur le plan sexuel, à celui des vaincus. Certains gagnent sur les deux tableaux ; d'autres perdent sur les deux. »
A bientôt pour mon avis sur La carte et le territoire
(non je ne m'arrête plus).
3 commentaires:
Je n'avais jamais lu de Houellebecq avant la Carte et le territoire et j'ai été comme toi, surprise d'aimer le livre. J'ai hâte de savoir ce que tu en as pensé.
En tout cas, depuis ma découverte de la carte et le territoire, j'ai prévu de lire ses autres livres.
Il faudrait que je le relise! Mais je me souviens d'avoir eu l'impression qu'il contenait en germe tout ce qui faisait que j'avais beaucoup aimé "Les Particules élémentaires", lu quelque temps avant, plus ou moins à sa sortie.
Cela dit, il faudrait aussi que je lise "La carte et le territoire"... d'autant plus que j'ai pas mal suivi cet auteur depuis ses débuts, avec un certain bonheur.
Effectivement tu ne t'arrêtes plus...Comme quoi tu vois il n'est pas si mauvais ;-)
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